Les grandes occasions

On ne se voyait qu'aux grandes occasions alors que nous étions cousins. Pour ma part j'attendais le repas de Noël ou l'anniversaire des grands-parents avec une pointe d'appréhension, et une légère excitation. J'étais la plus petite des cousins-cousines et à chaque fois je me demandais si j'allais être intégrée dans les jeux des plus grands ou si j'allais encore rester seule près de la table des adultes. Et de grandes occasions en grandes occasions, je m'éloignais ou me rapprochais de ma famille, selon les affinités du moment. Je me prenais quelques fois à rêver de rencontres fortuites ou d'occasions banales où je pourrais présenter mes cousins si cools à mes amis. Le plus grand, à 14 ans, avait même déjà fumé et racontait des histoires où l'alcool avait une place de choix. Si mes amis les avaient rencontrés, j'aurais été tout de suite plus intéressante. Mais ça n'a jamais été le cas et je ne les ai jamais vus en dehors des grandes occasions.